Les nouvelles frontières de l’ingénierie génétique et des Biotechnologies avancées Émergence de nouveaux paradigmes
Depuis la nuit des temps, Homo sapiens[1], a bien appris, par observation de la nature et par expérience, comment se nourrir, comment se soigner, comment se vêtir et comment se défendre. Il a également appris avec le temps, comment améliorer la qualité et la quantité de ses produits agro-pastoraux de consommation par croisement sélectif. Ainsi, il choisissait parmi les boucs, les béliers, les taureaux, les étalons…, le mâle le plus robuste, et qui plus est, sans défaut, ayant une couleur bien définie pour le croisement. Il sélectionnait également les meilleurs grains pour l'ensemencement de ses champs. Grâce à l'expérience, il réussissait à obtenir des espèces tant végétales qu'animales qui s'adaptaient à son écosystème. Il mettait en pratique et de façon empirique, les règles et les lois de la génétique formelle de Grégoire Mendel.
La nature, laissée à elle-même, a ses propres principes pour transmettre et perpétuer au sein des espèces les meilleurs gènes : la sélection, l'adaptation et la compétition. En effet, dans les basses-cours ou au sein de plusieurs types de troupeaux d'animaux sauvages, c’est uniquement le mâle-dominant, fort et robuste, qui pouvait s'accoupler avec les femelles pour transmette ses propres gènes aux générations successives. Grâce à la compétition reproductrice et aux principes d'adaptation, la nature imposait des normes aux processus évolutifs des espèces. Pour conserver la biodiversité dans la nature, un mur génétique infranchissable empêchait la fécondation entre espèces phylogénétiquement différentes : le coq, quel que soit son courage, son audace, sa velléité et ses ambitions, ne pourra jamais s'accoupler avec la lionne pour avoir des petits aussi grands que des autruches !
Mais, aujourd'hui, avec la biotechnologie moderne, l'Homme peut intervenir d'une manière très spectaculaire dans l'évolution du vivant : il peut, par exemple, prélever un gène particulier d'une mouche et l'insérer dans le génome d'une plante comme la tomate pour donner à cette dernière un goût exotique ; ou alors, il peut prendre des gènes spécifiques de l'Homme et les intégrer dans l'embryon du porc en vue d'obtenir, par la suite, un cœur de cochon « humanisé » génétiquement, qui pourrait être utilisé comme greffe, sans rejet, chez les humains.
Il existe donc une grande différence entre les hybridations classiques qui respectaient l'interfécondité au sein des espèces non divergentes et les procédés de la génétique moléculaire qui évacuent toutes les barrières biologiques en utilisant l'ADN, fond commun du vivant.
Ainsi, de nos jours, avec l'impact des organismes transgéniques, les organismes génétiquement modifiés (OGM), le rôle et les actions des scientifiques font de plus en plus l'objet d'interrogations, sinon de controverses. Alors que les découvertes se succèdent à un rythme effréné dans le domaine de la biologie moléculaire et de la génétique moléculaire, on s'interroge sur les conséquences heureuses ou malheureuses de tels bouleversements. De l'agriculture primitive à la « généculture», culture des gènes in vitro par clonage ou par PCR (Polymerase Chain Reaction), en passant par la « moléculture », production de protéines thérapeutiques par les végétaux et les micro-organismes qui sont utilisés comme bio-réacteurs[2],[3], nous avons, la génothérapie (la thérapie génique somatique et germinale, le clonage reproductif et thérapeutique, l’utilisation des cellules souches), les organoïdes avec les cellules IPS en culture 3D, le diagnostic moléculaire, le forensic, la biotechnologie moderne (la fabrication des organismes génétiquement modifiés (OGM), des hormones, des enzymes, des vaccins, des médicaments[4], des anticorps monoclonaux, des armes bactériologiques à destruction de masse ...) et les nanobiotechnologies.
Dans cette optique, la Biologie moléculaire, l’ingénierie génétique et la biotechnologie avancée constituent donc de nos jours des disciplines scientifiques indispensables dans le monde pour les progrès scientifiques et pour mieux identifier et combattre les divers pathologies et fléaux.
Il faudra donc garder ce qui vient d’être mentionné et ce qui suit en mémoire : à l’aube de la révolution industrielle du XVIIIème siècle, les pays africains furent absents. De même, au XXème siècle, les nations en voie de développement n’étaient pas au rendez-vous à l’heure de l’électronique et de l’informatique et ne prendront même pas leur place, au XXIème siècle, aux assises de la biotechnologie moderne avancée ! Alors que la « génotechnologie » appliquée aux organismes des vivants et la nanobiotechnologie sont devenues, de nos jours, incontournables et sont en passe de devenir la clef du développement socio-économique pour les nations les plus puissantes et le fondement de leur suprématie sur la scène internationale, les pays en développement se font absents à ce grand symposium des sciences biotechnologiques ?
Ainsi, le renforcement des capacités en Génie génétique, en Biologie Moléculaire et en Génétique Moléculaire appliquées aux sciences de la santé et en biotechnologie moderne s’avère-t-il plus que jamais nécessaire et crucial pour l’Afrique à travers : la formation des jeunes à la biologie moléculaire, l’ingénierie génétique et à la génétique moléculaire; l’appui des centres d’excellences régionaux existants et la création dans ces Etats de nouveaux centres de recherche ayant des plateaux techniques et des ressources humaines de haut niveau. Les possibilités qu’offrent aujourd’hui les Biotechnologies modernes, les génotechnologies, les nanotechnologies et les nanobiotechnologies sont non seulement attrayantes et fascinantes mais aussi séduisantes.
Toutes ces avancées exponentielles de l'ingénierie génétique avec ses frontières qui s’élargissent de jour en jour, deviennent de plus en plus incontrôlables, aussi bien pour les chercheurs eux-mêmes, acteurs et protagonistes de la recherche, que pour les gouvernants politiques et les Institutions Internationales. Ainsi, de nos jours, la biologie moléculaire et la génétique, qui sont les fondements du génie génétique, pourrait-elle devenir l'arme la plus puissante mais la moins contrôlée que la nature ait eue. Oui, advienne que pourra : désormais, un cheval indompté est lâché sans bride ni mors, dans la nature. Qui le contrôlera dans cette prairie sans frontière ?
Le présent livre intitulé «Les nouvelles frontières de l’ingénierie génétique et des Biotechnologies avancées» a pour objectif de présenter :
- Les domaines d'application des biotechnologies modernes et des nanotechnologies aujourd'hui ;
- Les procédés et les techniques d'application des Biotechnologies avancées et des nanobiotechnologies;
Les nouvelles frontières de la biotechnologie avancée.
[1] Homo sapiens est l’Homme d’aujourd’hui : vous et moi.
[2] Angelo Serra, Dagli OGM vegetali agli animali clonati. Scienza, Società, Etica, La Civiltà Cattolica 2001, IV 10-24, Quaderno 3631 (6 ottobre 2001).
[3] Ciani M, Lippolis A, Fava F, Rodolfi L, Niccolai A, Tredici MR. Microbes: Food for the Future. Foods. 2021 Apr 28;10(5):971. doi: 10.3390/foods10050971. PMID: 33925123
[4] Stryjewska A, Kiepura K, Librowski T, Lochyński S. Biotechnology and genetic engineering in the new drug development. Part I. DNA technology and recombinant proteins. Pharmacol Rep. 2013;65(5):1075-85. PMID: 24399704