Chacun de nous est une dignité et a une dignité car nous sommes tous sacrement de Dieu, transparence de son Être. Cette vérité à redécouvrir et à intérioriser doit être la normative autour de laquelle doivent se mouvoir toutes nos actions pastorales, dans les œuvres de la santé, sociales et politiques, caritatives et humanitaires.

Message de son Excellence, Monseigneur Justin KIENTEGA,

Evêque du diocèse de Ouahigouya
Président de la Commission Episcopale pour la Pastorale de la Santé


 Révérend Père Laurent OUEDRAOGO, Secrétaire General de la pastorale de la santé ;

Distingués membres du Comité d’Ethique et de Bioéthique (CCEB) 

Au nom des Evêques de la Conférence Episcopale Burkina-Niger, je vous souhaite la bienvenue au siège de la Conférence épiscopale Burkina-Niger. 

C’est d’un cœur joyeux que je vis et voudrais vivre avec vous cette première rencontre organisée par le secrétariat de la Commission épiscopale pour la pastorale de la santé du Burkina-Niger.

Je vous réitère également mes souhaits de bonnes fêtes de Pâques que j’accompagne de mes bénédictions. Nous célébrons a joie de Pâques jusqu’à la Pentecôte.

Ma joie est d’autant plus grande car je sais que vous avez accepté, en toute liberté et sans aucune condition, vos nominations respectives. Comment ne pas vous remercier pour votre générosité et particulièrement pour votre disponibilité à vous engager dans ce champ pastoral qui requiert, de plus en plus, la bienveillance et l’expertise des scientifiques et des théologiens que vous êtes. Par votre présence et surtout vos compétences scientifiques respectives ainsi que vos qualités humaines, morales et spirituelles, vont nous aider à redonner à nos frères et sœurs, à croire et vivre leur dignité de personne humaine.

Notre vision de la personne.

Contribuer au respect de la dignité de la personne humaine est une très noble et grande responsabilité qu’il nous faudra assumer. Nous désirons, en toute sincérité, faire de notre terre, un lieu où il fait bon vivre et où la fraternité devient une richesse effective et non plus un simple idéal utopique.

Comme vous le savez, chaque être humain, depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle, possède en soi une dignité absolue (sacralité de la vie). Et ce, quel que soit la couleur de sa vie, de ses choix et de ses convictions personnelles, qu’elles soient religieuses, politiques et culturelles. C’est certainement cette vérité qui a conduit certains philosophes à épouser la maxime d’Emmanuel Kant qui dit : « agis de telle sorte que tu traites l’humanité, aussi bien dans ta personne que dans celle de tout autre, toujours en même temps comme une fin et jamais simplement comme un moyen ».

Chaque homme est une personne. Si nous remontons à l’étymologie, le concept « personne » dériverait du grec antique « prosopon » qui signifie : masque théâtrale. Comme tout acteur de théâtre, chaque personne, vient au monde, joue sa partition et s’e va. Pour les latins, le concept « personne » résulterait du verbe « personare », qui veut dire « résonner », « retentir ».

Nous comprenons dès lors que la personne est tout homme, toute femme porte en soi la résonnance de Dieu.

Chacun de nous est une dignité et a une dignité car nous sommes tous sacrement de Dieu, transparence de son Être. Cette vérité à redécouvrir et à intérioriser doit être la normative autour de laquelle doivent se mouvoir toutes nos actions pastorales, dans œuvres de la santé, sociales et politiques, caritatives et humanitaires.

C’est seulement ainsi que personne ne pourra être exploité, instrumentalisé, ni utilisé comme un simple moyen, un objet. Le devoir du plus fort est de protéger le plus faible, le plus fragilisé, non seulement sur le plan économique et politique, mais aussi et surtout dans les moments de l’existence où il est le plus vulnérable dans sa santé (début de vie, grossesse, maladie, fin de vie,…). Cette dignité intrinsèque implique des devoirs envers autrui, mais également envers soi-même, y compris envers sa propre vie et son corps (indisponibilité du corps). Raison pour laquelle le Saint Pape Paul VI dans son Document Donum Vitae dit :

« Le don de la vie que Dieu, Créateur et Père, a confié à l’homme, impose à celui-ci de prendre conscience de sa valeur inestimable et d’en assumer la responsabilité. Ce principe fondamental doit être placé au centre de la réflexion, pour éclairer et résoudre les problèmes moraux soulevés par les interventions artificielles sur la vie naissante et sur les processus de la procréation » (Donum Vitae, 1§1).

Votre Mission

En vous remerciant pour l’éthique et la sagesse avec laquelle vous agirez dans vos sphères d’activités respectives, je voudrais vous inviter et vous encourager à réfléchir et à explorer certaines problématiques de la bioéthique qui touchent déjà ou qui pourraient toucher, dans un bref ou lointain futur , quelques réalités de notre cher pays telles que :

Début de vie : procréation médicalement assistée, diagnostic préimplantatoire, eugénisme, gestation pour autrui, etc.

Transformation de la vie : clonage humain, manipulation du génome humain par CRISPR Cas9, gênes drive (forçage génétique), transhumanisme, robotique, etc.

Fin de vie : soins palliatifs, suicide assisté, euthanasie, etc.

Éthique de la recherche et éthique clinique : don et transplantation d’organes, consentement présumé, consentement éclairé, capacité de discernement, représentant thérapeutique, directives anticipées, autodétermination, etc.

Ces questions traitées en éthique et en bioéthique sont généralement complexes et requièrent des grandes compétences et des réflexions approfondies car le principe fondamental de l’éthique chrétienne repose sur l’accueil du faible et du petit, en qui se révèle la figure du Christ (Mt 25). 

Votre Comité sera ainsi une aide précieuse, une très grande équipe de veilleurs pour alerter les pasteurs de l’Eglise du Burkina des menaces contre la vie, le bien commun….

Ainsi, l’institution du Comité Catholique d’Ethique et de Bioéthique a avant tout pour but, lire les signes des temps qui risquent de compromettre la vie ; d’informer, de donner à penser et de proposer des avis afin de présenter à toute personne, croyante ou non, les enjeux de ces questions complexes liées à la vie. Par vos réflexions, vous devez pouvoir proposer des orientations à l’Eglise Famille de Dieu au Burkina Faso et du Niger ainsi qu’à tout le peuple burkinabè en vous appuyant, sur la tradition de l’anthropologie chrétienne, sur des arguments rationnels, fondés sur des faits.

Enfin, chers Distingués membres du Comité Catholique d’Éthique et de Bioéthique (CCEB), Je suis convaincu que vous êtes des éminents responsables de la formation des consciences et de l’opinion publique, des chercheurs et professionnels de la médecine, des juristes, des théologiens des communicateurs etc.

Au nom de l’Eglise Famille du Burkina- Niger, je vous encourage et vous adresse un appel pressant pour qu’en raison de votre rôle et de votre engagement, vous puissiez exercer une influence positive, pour que, dans la famille et dans la société burkinabè, soit accordé le respect dû à la vie.

Pour cela, vous veillerez :

1.   à finaliser les statuts et règlement intérieur de la commission

2.   à recueillir les idées et à constituer une commission pour l’élaboration d’un plan stratégique assorti de plan d’action du Comité Catholique d’Ethique et de Bioéthique (CCEB).

3.   à trouver les cadres de réflexions à petit ou grande échelle sue les thèmes que vous aurez trouvés pertinent pour la société Burkinabè.

C’est seulement ainsi que vous pourrez assurer à l’humanité de demain et surtout à notre cher pays le Burkina Faso, la possibilité de vivre et d’aimer, dans cette dignité, cette fierté de burkinabè et cette liberté qui dérivent du respect de la vie et de la vérité.

Que la Bienheureuse vierge Marie, notre Mère du ciel et de la terre, intercède pour nous auprès de son Fils, afin qu’Il nous garantisse le plein succès de nos réflexions, actions et projections.

Que saint Joseph Patron de l’Eglise qui a su protéger l’Enfant Jésus et sa mère Marie de la méchanceté d’Hérode, nous aide à œuvrer pour la protection et la promotion de la vie.

Sur ce, je vous déclare installés comme membres du Comité Catholique d’Éthique et de Bioéthique (CCEB).

Que Dieu vous bénisse. Qu’Il vous éclaire et vous fortifie dans la mission.

Je vous remercie !

Ouagadougou le 24 mai 2023

Monseigneur Justin KIENTEGA,

Evêque du diocèse de Ouahigouya,

Président de la Commission

Episcopale pour la Pastorale de Santé